LES AUTRES DOSSIERS
Mexique : le Message des Peuples Indigènes NOUVEAU
Sous les déchets la plage NOUVEAU
Pollution atmosphérique & biosurveillance NOUVEAU
Nature sur Mesure NOUVEAU
Balade en Forêt Transgénique NOUVEAU
L'arbre qui cache le Forfait NOUVEAU
Ozone au balcon,
pollutions au salon

Forêt désenchantée
Coktail informatique
Chamane au parfum
Mongolie vers la fin du nomadisme
Homo-destructor
Les passionautes
Abeilles dans le guêpier
Beedie's Story
Briquets jetables
Roumanie, les portes de fer s'ouvrent
Afganistan
Argentine
Des oasis à la révolution bleue


LECTURES EKWO ENVIRONNEMENT ET PEHENOMENES

Vertiges technologiques
L’entreprise de démystification de la technique est l’un des piliers de la pensée écologiste. E.F. Schumacher (“Small is beautiful”), Lewis Mumford (“La mégamachine”) et tant d’autres ont contribué à remettre en cause cette idée que la technique serait rationnelle et inéluctable, que l’idéal de toute société serait de s’équiper d’infaillibles machines, d’éliminer “l’erreur humaine”.
La comparaison était osée : quel rapport entre l’électrification dans l’Union Soviétique naissante, dans les années 20 et 30, et l’expansion fulgurante d’Internet à partir des années 80 ? L’auteur parvient à démontrer que ces deux projets gigantesques, qui ont bouleversé les sociétés et n’ont (presque) rien de démocratique, sont avant tout portés par un imaginaire, ou pour le moins l’imaginaire de quelques-uns qui finit par être partagé collectivement. La technique, bien loin d’être le fruit de scientifiques sages et bienveillants, véhicule avant tout nos fantasmes, comble nos manques. Elle tient lieu d’ami(e), de compagnon, de descendance. Mais elle peut aussi verser dans l’ubris, la démesure, quand elle est portée par une volonté de puissance aveugle tels les désirs d’immortalité, d’ubiquité ou de télépathie.
Une critique, cependant. L’auteur aurait gagné à examiner dans les détails la relation entre technique et nature. Elle a tendance à prendre pour argent comptant cette idée que la technique est l’expression d’une domination de l’homme sur la nature. La technique n’est-elle pas plutôt perçue dans l’imaginaire techno scientifique comme le vecteur de réalisation de la nature humaine, de la vérité de l’humanité, et de son destin universel ? Cela expliquerait qu’il y ait des pays “développés” et d’autres “en développement”… Mais l’imaginaire techno scientifique sait-il vraiment ce qu’est l’homme, ou se contente-t-il de poursuivre sa course folle et répétitive,
proclamant sans cesse que tout nouveau pouvoir est forcément bon ? Pour qui sont ces pouvoirs nouveaux ? Et si personne ne s’en soucie, peut-on encore parler de maîtrise de la nature ? A lire pour alimenter votre réflexion : Vertiges technologiques, de Descolonges, ed. La Dispute 2002.


100 magazines en un CD rom
De l’avantage des CD rom : compiler en un maigre disk l’équivalent d’une centaine de numéros. Le mensuel Pour La Science a eu la bonne idée de graver son intégrale 1996-2002 en Pdf. Tous les articles, leurs illustrations et photos y sont présentés de la même façon que dans la revue. Et pour optimiser son utilisation, une recherche par mot-clé, rubrique ou auteur a été prévue. Un véritable outil pour parfaire ses connaissances sur les actualités scientifiques des 8 dernières années.
Pour La Science, Intégrale 1996-2002


Pourquoi la France n'est pas verte
Où l’écologisme français peut-il donc se cacher ? Quand on voit la timidité avec laquelle les gouvernements successifs envisagent le sujet et quand on constate l’incompétence de la classe politique et des médias dans ce domaine, on peut se demander quelle catastrophe il faudra attendre avant que notre bon pays ne daigne enfin relever le nez de ses compteurs habituels.
C’est en quelque sorte à un examen clinique de l’aveugle "France" auquel se livre Guillaume Sainteny, dans une analyse très fouillée des aventures parfois rocambolesques des partis dits 'écologistes' en France. L’approche choisie est celle de la sociologie politique, dont l’objectif est d’expliquer les phénomènes tout en les décrivant de manière objective. L’exposé se révèle passionnant en termes d’histoire du mouvement écologiste, très riche de références, et pour cette raison nous en recommandons vivement la lecture à ceux qui veulent comprendre les freins de l'écologie ici ou tous ceux qui sont de fraîche date sensibilisés à la question écologique. Deux regrets, toutefois : le parti-pris de l’auteur de s’en tenir à une vision très classique de la politique, ignorant assez largement le rôle des associations, et le préjugé selon lequel l’écologie serait soluble dans une politique de parti, alors que la plupart des écologistes savent qu’il s’agit avant tout d’une question culturelle. Il aurait peut-être été aussi fructueux, sinon plus, de creuser davantage la question : pourquoi les partis "non-écologistes" ne font-ils pas d’écologie ?
Guillaume Sainteny, L’introuvable écologisme français, PUF, 2000.



Naturel Hommage
Presque inconnu en France, figure mythique aux Etats-Unis, père des Parcs Nationaux, pionnier de l’écologie et inventeur, John Muir (1838-1914) est l’un des premiers hommes à avoir ressenti les risques de l’exploitation de la nature sauvage. Ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse retracent les émotions de ce petit écossais ayant quitté l’Europe pour le Nouveau Monde, l’école pour la vie de pionnier. Malgré des journées de travail longues et harassantes, un père sévère, martelant ses enfants à coup de fouet et de versets bibliques, le jeune garçon ne se lasse pas de découvrir les beautés de la nature. « La Nature qui nous pénétrait , qui nous inculquait par la séduction de ses prodigieux enseignements, tellement différents des mornes cendres de la grammaire dont on nous imprégnait à force de raclée depuis si longtemps. Là, au contraire, nous étions toujours à l’école, mais à notre insu ; toute leçon de la nature sauvage s’insinue en nous non par le fouet mais par le charme ». Dans un romantisme revisité, le style lyrique de John Muir célèbre l’osmose entre les hommes et la nature ; la description des oiseaux, des animaux sauvages, des plantes… se mêle harmonieusement aux belles pages de Walter Scott, Plutarque ou Shakespeare. A la fin du livre, ses talents d’inventeur se révèlent de façon cocasse... A l’heure où la nature sauvage risque de n’être plus qu’un souvenir, lire John Muir apparaît comme une leçon de vie, jamais cet écrivain naturaliste n’aura été aussi actuel.
Souvenir d’enfance et de jeunesse, John Muir, éditions José Corti, 19 euros

 

L’écologie sous toutes ses facettes
Serge Moscovici est l'un des fondateurs du mouvement écologiste. Auteur de l'Essai sur l'histoire humaine de la nature, dont l'analyse reste aujourd'hui encore au premier plan, il a aussi été membre des Amis de la Terre.
L'ouvrage qui nous est proposé ici est une compilation de textes réactualisés. Cela aboutit à un livre un peu patchwork, une sorte de panorama des filiations et sources d'inspiration qui font l'écologie politique d'aujourd'hui. L'idée forte de Serge Moscovici est que nous faisons la nature, nous la créons. Nous devons vivre avec elle, pour elle, et non contre elle. Cette idée reste bien entendu d'une brûlante actualité. Il faut donc changer notre relation à la nature. Quelle sera cette nouvelle relation ? Quelles conséquences cela aura-t-il sur les sociétés ? Serge Moscovici démonte les poncifs des détracteurs de l'écologie politique (le fameux "retour à la bougie" etc.) et montre combien le chantage à la croissance obstrue nos imaginations. Il présente une très bonne anthropologie de ce qu'est un "écologiste", certes un peu flatteuse mais finalement très proche de la réalité.
Nous aurions aimé plus de détails sur des pistes possibles de mise en oeuvre. On pourra aussi regretter que la critique de la "technocratie" et du progrès reste mesurée, loin de la dimension désormais mondiale des problèmes écologiques. A lire par les intellos qui ne connaissent pas l'écologie politique, les autres resteront un peu sur leur faim.
De la nature - Pour penser l'écologie politique de Serge Moscovici, Ed. Métailié 2002


Panorama du DD
Le développement durable est aujourd’hui au cœur de tous les discours, politiques, économiques, et même parfois sociaux. Comme l’a souligné la campagne gouvernementale lors de la Semaine du développement durable, qui a eu lieu du 2 au 8 juin, le développement durable c’est maintenant et pour longtemps. Au-delà de cette affirmation incontestable, c’est pourtant l’imprécision qui règne : qu’est-ce que le développement durable ? Quelles sont ses spécificités, ses limites ?
L’ouvrage d’Edwin Zaccaï tente de fournir quelques réponses. Sa démarche est originale : il s’attache à étudier les champs sémantiques de différents discours tenus sur le développement durable, et en cherche la cohérence. L’auteur a examiné une très grande variété de discours prononcés aussi bien par des entreprises, des états, des organisations non-gouvernementales etc. Il a aussi analysé leur évolution dans le temps, depuis la Conférence de Stockholm en 1972 jusqu’à la veille de Johannesburg. Le lecteur découvre ainsi clairement comment l’accent, initialement mis sur la crainte de voir s’épuiser les ressources, s’est progressivement orienté vers une menace de destruction de l’environnement, et la remise en cause du modèle de développement. Le panorama passé en revue est vaste et riche.
Qu’en retient-on ? Que le concept de développement durable est ce que l’auteur appelle une « illusion motrice ». Il existe un socle commun à tous les discours, et Edwin Zaccaï pense qu’il réside dans la prise en compte du long terme et la tentative d’intégrer de nombreuses dimensions jusque-là traitées isolément. Au-delà, c’est la contestation qui règne : désaccord sur les priorités, sur les techniques etc. Un désaccord qui rend d’autant plus importante la participation de tous au débat.
Soyons clair : l’ouvrage est plutôt destiné aux spécialistes. Le panorama tracé fournit un état des lieux très complet, mais au prix d’un texte qui semblera très ardu au profane.
Edwin Zaccaï, Le Développement durable : dynamique et constitution d’un projet, PIE Peter Lang, 2002.


Un pavé dans la gueule de la pub
On pourrait reprocher à l’association « Casseurs de pub » son radicalisme. La première page du livre commence par une série de phrases cinglantes dont : « Nous ne voulons pas de pastille verte sur les 4x4, nous voulons un monde sans voitures ». Mais comment se faire entendre si on se compromet, dans un monde où la publicité nous mitraille et nous manipule avec violence, peut-être faut-il utiliser des méthodes radicales? Un pavé dans la gueule de la pub mêle des textes théoriques sur l’impact de la publicité sur les comportements, des affiches d’industriels parodiées ou de propagande anti-pub, des photographies des bandes-dessinées, des chroniques romancées… Le lecteur sera surpris d’apprendre beaucoup par le biais d’un militantisme enragé. Soutenons-les pour faire changer les choses…
Un pavé dans la gueule de la pub, Casseurs de pub, 15 €, éditions Parangon, dans toutes les bonnes librairies, ou sur www.casseursdepub.org